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17 juin 2024Rencontre avec le GAEC LES ALPAGISTES à Megève (74) : troupeau mixte 90% Abondance et 10% Tarine
Le GAEC LES ALPAGISTES est situé sur la commune de Megève dans le département de la Haute-Savoie à 1200 m d’altitude. Rencontre avec Guillaume et Aline MAILLET-CONTOZ.
L’Abondance, une race présente depuis des décennies
Gérard, le père de Guillaume s’est installé sur la ferme en 1986 suite à une cessation laitière. Il garde alors les bâtiments pour faire de l’élevage de génisses Abondance (achat à 2 semaines, revente à 3 ans).
En 2007, Guillaume s’installe et décide de reprendre l’activité laitière en achetant une quarantaine de têtes en majorité à des éleveurs voisins.
Infirmière à l’hôpital de Sallanches pendant 5 ans, ce n’est qu’en 2020 qu’Aline, rejoint le GAEC suite à la naissance de leur 2ème fille. Ils créent alors ensemble le GAEC actuel. La surface agricole utile (SAU) est de 136 ha dont 100 ha en alpage sur la commune de Praz sur Arly et 36 ha en vallée répartis en 25 ha fauchables et le reste en pâturage.
Aujourd’hui, le cheptel est composé de 40 vaches de race Abondance et une dizaine de vaches de race Tarine.
Elles produisent 300 000 litres de lait par an soit une moyenne de 5 800 litres de lait par vache.
Les génisses sont élevées jusqu’à 6 mois sur la ferme puis elles passent 2 ans en pension dans des ateliers. Ils les récupèrent pleines et les font vêler sur l’exploitation. Les vêlages s’étalent d’octobre à décembre (environ 40 vêlages), puis une quinzaine de janvier à avril et une dizaine à l’alpage en juin-juillet.
Lors de la montée en alpage, le GAEC prend en pension un troupeau complet de 40 vaches laitières pour la saison (GAEC FERME JACQUET). La traite et la transformation sont alors effectuées en alpage. Sur les 300 000 litres de lait produits, 220 000 L sont transformés directement à la ferme. Le reste est livré dans deux coopératives (Beaufortin et Mont Blanc).
Pourquoi avoir fait le choix et de transformer à la ferme et de livrer du lait en coopérative ?
« C’est un choix que nous avons fait depuis 2018 en construisant une fromagerie sur l’exploitation. Notre objectif a toujours été de produire uniquement des fromages répondant à des AOP pour la qualité des fromages mais aussi pour nous offrir une meilleure valorisation de la matière première.
Nous produisons donc 90 000 litres en reblochon fermier et 130 000 litres en abondance fermier. Les fromages sont livrés essentiellement à des affineurs (la maison Pochat et la maison Paccard) mais aussi dans 7 magasins locaux. Nous en écoulons enfin un petit volume au magasin sur la ferme.
Pour le reste de la production, nous livrons 50 000 litres à la coopérative du Beaufortin et 30 000 litres à la coopérative laitière du Mont Blanc pour le reblochon laitier et ce depuis mon installation en 2007.
Le fait d’avoir du lait livré en coopérative nous garantit un écoulement du lait et nous permet également de « souffler » un peu au niveau de la fromagerie. Nous livrons 2 traites par semaine actuellement et nous envisageons pourquoi pas de passer à 3-4 traites/semaine »
Quelles caractéristiques sont propres au lait des Abondances ?
« Le lait produit par l’Abondance est un lait riche en TP, idéal pour la production de fromage. L’AOP Abondance nous demande d’avoir 45% de vaches de race Abondance. Cela n’a pas été une contrainte pour nous puisque depuis toujours, la race Abondance est notre race de cœur, c’est LA race évidente dans le secteur. Mon père était adhérent à l’OS RAR dès son installation et participait activement aux réunions concernant la race. Depuis l’enfance, j’ai été bercé par cette race !
Au niveau de la production, l’objectif est d’avoir un bon rapport TB/TP et d’obtenir le maximum de fromageabilité. Nous restons extrêmement vigilants à la matière grasse (MG). La réflexion en cours par l’OS et AURIVA sur la réforme de l’ISU vise à ramener du poids au taux dans le calcul de l’ISU et va donc conforter nos orientations stratégiques. »
Combien de litres de lait par fromage ?
Comment êtes-vous investit dans la génétique au niveau coop et au niveau AURIVA ?
« Nos objectifs de sélection lors du planning, sont le TB et le poste mamelle. Nous génotypons toutes nos femelles depuis le début du service en 2018. Le premier objectif étant de trier nos génisses pour le renouvellement.
Nous faisons appel à la coopérative EDS pour les inséminations. Nous mettons uniquement des doses en race pure sauf sur les retours où nous mettons du croisement.
Le planning d’accouplement est réalisé en alternance par le technicien de l’OS et par le technicien d’AURIVA.
Lors du planning, nous faisons essentiellement confiance au choix du technicien mais si nous avons à choisir entre 2 taureaux, nous ferons le choix de prendre celui qui correspond le plus à nos objectifs (segment lait et taux)
Il est vrai que travailler avec l’équipe AURIVA est un réel plaisir car nous sommes entourés par des professionnels du métier qui nous apporte des conseils techniques mais l’on reste tout de même maître de nos choix. Nous avons un réel accompagnement au quotidien et c’est quelque chose de motivant. De plus, les commissions AURIVA qui choisissent notamment les futurs taureaux du catalogue sont constituées d’éleveurs de différentes zones ce qui nous permet d’être représenté peu importe d’où l’on vient !
Nous faisons également appel à l’équipe TE d’AURIVA pour des collectes et de la remise en place d’embryons. L’objectif est de colleter 2 génisses par an : une Abondance et une Tarine
Nous apprécions également leurs conseils et leur accompagnement. »
3 taureaux AURIVA nés sur la ferme
« En 15 ans, en faisant confiance au schéma de sélection AURIVA, on peut avoir un troupeau bon en morphologie et en production.
Nous avons 3 taureaux qui sont rentrés en centre issus de chez nous depuis mon installation.
IRRED, né en 2013, fils d’ARDECHOIS/CHATAIGNE, était entré en centre sur ascendance. Il a été diffusé suite à son génotypage connu en 2015. Il affiche toujours aujourd’hui un index lait à +1050 kg. Sa mère CHATAIGNE avait été achetée en 2007 lors de mon installation. Elle s’est très vite démarquée par sa production (+ de 8000kg dès sa 2ème lactation !). Elle avait été choisie mère à taureaux par la commission MAT de l’époque composée d’Yves Dunand et d’Eric Bouchex. Sans eux, elle serait restée une vache de troupeau comme les autres.
En 2016, lorsqu’elle a été génotypée suite à la sortie de MUSH, elle a confirmé son potentiel laitier.
MUSH, est donc né en 2016 fils de DIMITRI et demi-frère d’IRRED. Il était issu d’un embryon de CHATAIGNE/DIMITRI qui avait été ciblé par le schéma de sélection AURIVA. Suite à son génotypage, il avait été sélectionné pour rejoindre la station puis pour être diffusé en tant que jeune taureaux en2018/2019. Aujourd’hui présent dans l’offre des taureaux confirmés, son impact sera consolidé dans les prochaines années par son fils RAYBAN, jeune taureau génomique l’an dernier.
Enfin, ROCHEBRUNE né en 2020, fils de NEPTUNE et de NAOMIE (qualifiée mère à taureaux par Yves Dunand) : génotypé par AURIVA puis sélectionné pour rejoindre la station. Il avait par la suite été éliminé par la commission génétique et n’a donc jamais été diffusé.
C’est une vraie fierté pour l’exploitation d’être acteur dans le schéma de sélection, car cela nous prouve que le travail de la génétique et la confiance que l’on peut accorder aux techniciens est payant.
Nous espérons en avoir d’autres dans les années futures ! »
« J’encourage les jeunes à s’installer en zone reblochon, et en race Abondance bien sûr ! Nous avons une vraie filière qui est là pour nous soutenir en cas de problèmes, qui est là pour nous apporter des solutions durables et pérennes. Nous ne sommes pas tout seul. Je prends souvent des stagiaires avec nous sur la ferme car cela nous permet de transmettre ce qu’on nous a transmis étant jeune. Enfin, le plus important pour un jeune qui voudrait s’installer en Abondance, c’est de ne pas avoir peur d’investir dans la génétique car ça finit toujours par porter ses fruits ! »
Guillaume MAILLET-
Et demain, comment envisagez-vous l’avenir ?
« Nous ne souhaitons pas spécialement agrandir le troupeau mais plutôt continuer à avancer dans les 2 races en même temps et au même niveau en progressant avec les nouvelles technologies que l’on pourra nous proposer.
L’objectif est de pérenniser l’exploitation pour peut-être un jour refaire le bâtiment en stabulation libre. Se pose aussi la question de prendre un salarié à temps partiel ou temps complet sur la ferme pour nous permettre de nous dégager du temps et de profiter aussi en famille.
Ce qui est certain, c’est que tous les investissements faits sur la ferme seront faits pour permettre une bonne transmission soit à nos enfants soit à un tiers !
Enfin, nous souhaitons continuer à valoriser notre lait et nos fromages auprès des consommateurs car c’est ce qui fait notre « démarcation » aujourd’hui et la fierté de notre territoire. »